Aller au contenu principal

AI & Creativity: Inspiration, Limits, and New Roles

19 Fév 2025
AI & Creativity: Inspiration, Limits, and New Roles

Dans le cadre de notre événement « AI & Creation », organisé le mardi 11 février lors de l’IA Summit, nous avons eu le plaisir d’accueillir Giovanna Graziosi Léo Migotti et Benjamin Simmenauer, trois experts de l’Institut Français de la Mode, pour partager leur vision sur l’impact de l’intelligence artificielle dans la création, la mode et la musique.

L’IA, une « machine à rêver » pour les créateurs

Giovanna Graziosi a posé une question fondamentale : « Que signifie être humain à l’ère de l’automatisation ? » Elle insiste sur la nécessité d’apprendre à penser avec les machines, affirmant que « les humains et les machines coexisteront. On peut aimer cela ou le détester, mais nous devons apprendre à penser ensemble ». Pour elle, l’IA est une « machine à rêver », un outil qui permet aux créateurs d’imaginer différemment. Elle met en avant l’importance du processus, expliquant que « l’IA ne concerne pas uniquement le produit final, mais le processus ».

Dans ses travaux avec les étudiants, elle expérimente la création de personnages numériques et l’intégration de l’IA dans la production 3D et vidéo. Elle souligne que « ceux d’entre nous qui travaillent avec l’IA le savent : parfois, vous écrivez une commande et cela fonctionne parfaitement ; d’autres fois, ça échoue ». Elle met également en avant l’intérêt de la réalité augmentée et de la réalité mixte, évoquant des expérimentations avec Lens Studio de Snapchat et des vêtements numériques interactifs.

L’IA et la nature de la création : une approche philosophique

De son côté, Benjamin Simmenauer adopte une approche philosophique en questionnant la nature même de la création. Il rappelle trois critères essentiels définissant l’art : « L’originalité, la valeur esthétique et la signification ». Selon lui, « une création artistique doit avoir du sens et résulter d’une intention, ce qui distingue encore aujourd’hui les créations humaines de celles produites par l’IA ».

Appliqué à la mode, ces critères se complexifient avec des exigences supplémentaires : « La mode exige un renouvellement constant, une création collective et une matérialisation des idées en objets tridimensionnels ». Il pose ainsi une question clé : « Générer, est-ce créer ? » et affirme que l’IA, en l’état actuel, repose sur des données préexistantes, produisant davantage des recombinaisons que de véritables innovations.

L’IA, un outil d’extension créative

Cependant, il reconnaît l’IA comme un outil puissant d’extension créative. À l’Institut Français de la Mode, des designers l’utilisent pour « la recherche d’inspiration, la prévisualisation de silhouettes et l’affinage des intentions créatives ». Il évoque la possibilité d’un « Test de Lovelace » permettant d’évaluer si une IA peut susciter un véritable impact émotionnel et cognitif comparable à une création humaine.

Pour Simmenauer, « l’IA générative nous force à repenser le rôle du créateur ». Si elle reste un outil puissant, elle ne remplace pas l’humain et la complexité du processus créatif. « Une œuvre d’art se caractérise par sa difficulté de réalisation », rappelle-t-il, soulignant que la créativité humaine implique un coût en temps, en effort et en maîtrise.

Les Limites de l’IA dans l’Appréhension des Matériaux

L’une des grandes limites de l’IA réside dans sa capacité à comprendre la matérialité des créations. La mode, en particulier, nécessite une interaction directe avec les matériaux — une expérience que l’IA ne peut pas saisir. Bien que l’IA excelle dans la création de visuels et la prévisualisation de silhouettes, elle n’est pas en mesure de manipuler les matériaux physiques ou de comprendre leurs propriétés, telles que leur texture, leur souplesse ou leur tombé. Cette dimension tactile et sensorielle est au cœur de la mode, et l’IA, qui se base uniquement sur des données numériques, ne peut la reproduire. Par conséquent, bien que l’IA soit un outil puissant pour inspirer et affiner la créativité, elle ne peut pas encore remplacer l’expertise humaine dans la transformation des idées en objets réels.

L’IA et la musique : un catalyseur d’inspiration, pas un remplaçant

Léo Migotti, quant à lui, s’attarde sur l’impact de l’IA dans le domaine musical. Il souligne que l’intelligence artificielle ne remplace pas le compositeur mais modifie son rôle et son processus créatif. « Ce n’est pas tant la musique qui est transformée, mais la manière dont nous la créons et l’expérimentons », explique-t-il. L’IA permet d’accélérer certaines étapes de composition et d’expérimentation, offrant aux artistes un terrain d’exploration inédit.

Il met en avant la dualité entre contrôle et lâcher-prise dans l’utilisation de ces outils : « L’IA génère des propositions que nous n’aurions peut-être jamais envisagées seuls. Le défi est d’apprendre à dialoguer avec elle plutôt que de simplement l’utiliser comme un raccourci ». Il insiste sur le fait que la sensibilité artistique reste essentielle pour trier, affiner et donner une intention aux résultats produits par l’IA.

Dans cette perspective, il voit ces technologies comme des catalyseurs d’inspiration plutôt que comme des remplaçants des musiciens : « L’important est de rester maître du processus et d’utiliser l’IA comme un partenaire créatif, et non comme une béquille ». Il évoque également les nouvelles formes d’interaction entre l’IA et la musique en temps réel, qui ouvrent des horizons fascinants pour l’improvisation et la performance live.

Conclusion : l’IA, une révolution sans remplacement

Ces interventions mettent en lumière un enjeu majeur : l’IA transforme la création, mais ne peut se substituer à l’intention et à l’expertise humaines. Loin d’être une fin en soi, elle devient un levier d’exploration et de narration, ouvrant de nouvelles perspectives pour les créateurs d’aujourd’hui et de demain.

Découvrir le talk de Benjamin Simmenauer👇

Découvrir le talk de Giovanna Graziosi👇

Découvrir le talk de Léo Migotti👇

We are