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AI in the creative process

19 Fév 2025
AI in the creative process

Nous avons eu le plaisir de recevoir Paul Mouginot lors de notre événement “AI & Creation : An Ally or an Alien ?” le mardi 11 février, organisé dans le cadre de l’IA Summit. Son intervention a mis en lumière les nouvelles esthétiques émergentes, les mutations du rôle de l’artiste et les défis qu’implique cette révolution technologique.

L’émergence de nouvelles esthétiques grâce aux GANs

Les capacités génératives de l’IA reposent en grande partie sur un algorithme appelé GAN (Generative Adversarial Network). Depuis leur introduction en 2014, ces réseaux neuronaux ont profondément transformé la création visuelle, donnant naissance à de nouvelles formes artistiques. Des artistes comme Sophia Creso et Anna Ridler ont ainsi utilisé ces technologies pour générer des œuvres uniques, notamment des représentations de tulipes totalement inédites. Une collaboration particulièrement marquante fut celle de Robbie Barrat et Ronan Barrot un peintre et un expert de l’IA ayant créé des diptyques saisissants.

De la création numérique à l’objet physique : un chemin encore rare

Bien que l’art généré par IA soit principalement numérique, rares sont les artistes qui s’aventurent dans la matérialisation physique de leurs œuvres. « Aujourd’hui, très peu d’artistes IA choisissent de créer des objets physiques ou des installations, ce qui me déconcerte », a observé Paul Mouginot. Quelques exceptions notables incluent Memories of Passersby de Mario Klingemann (2019) et les installations de Justine Eymard, qui explorent une esthétique orale innovante.

Une mutation du rôle de l’artiste

L’IA ne se contente pas d’être un outil de création : elle modifie profondément la posture des artistes. En leur permettant d’adopter des approches contre-intuitives, elle favorise des stratégies de création inédites, à l’image de ce que l’IA a apporté au jeu AlphaGo. Si elle est bien entraînée, l’IA « aide les artistes à sortir des sentiers battus », a souligné Paul Mouginot.

Véritable changement de paradigme s’opère également dans la perception même de l’œuvre d’art. Historiquement, les artistes voyaient les machines comme de simples outils d’assistance. Aujourd’hui, avec l’essor de plateformes comme Art Blocks, les algorithmes eux-mêmes deviennent des œuvres d’art à part entière. Ce glissement conceptuel a notamment été exploré par Vera Molnar, pionnière de l’art génératif, qui a fini par considérer l’algorithme comme une œuvre en soi.

L’IA : un outil, pas un simple médium

Si l’IA est souvent perçue comme un médium, Paul Mouginot insiste sur son rôle d’outil permettant une synthèse et une hybridation des formes d’expression : « L’IA est fascinante parce qu’elle permet de passer du texte à l’image, de l’image à la vidéo, et ainsi de suite. Cela renforce considérablement le storytelling. »

Cependant, ces nouveaux outils posent des défis techniques et artistiques. L’un des principaux enjeux pour les artistes est la personnalisation des modèles d’IA, souvent limités à des solutions génériques comme MidJourney ou DALL·E. Certaines initiatives comme celle d’Acne Studios en 2020 ont montré qu’un modèle GAN entraîné sur des archives internes peut aboutir à des créations inédites et fidèles à l’ADN d’une marque.

Entre rejet et adoption : quel futur pour l’art IA ?

L’avenir de l’art et de l’IA est encore en débat. Certaines maisons de création pourraient choisir de revisiter leurs archives à l’aide de l’IA, tandis que d’autres refuseront catégoriquement son intégration dans leur processus créatif. « Ce sujet reste tabou dans de nombreux cercles artistiques, mais nous pouvons nous attendre à de nouvelles expérimentations bientôt », a prédit Paul Mouginot.

Des créateurs comme Wallace Chan adoptent déjà une position tranchée en développant des techniques impossibles à reproduire par une machine. Cette résistance face à l’IA montre bien l’ambivalence du monde artistique vis-à-vis de cette technologie.

L’IA comme moteur d’introspection et de nouvelles collaborations

Au-delà de l’innovation esthétique, l’IA devient un outil puissant d’introspection artistique. Paul partage ainsi son propre travail, où il a entraîné un modèle d’IA sur ses souvenirs d’enfance pour générer des images résonnant avec son univers personnel. Ces expériences révèlent une nouvelle manière de fusionner création et mémoire individuelle.

L’artiste a également collaboré avec Vera Molnar, croisant leurs sensibilités—l’une géométrique, l’autre organique—pour aboutir à une synergie inédite. Ces collaborations homme-machine dessinent les contours d’un nouveau mouvement artistique en temps réel, une première dans l’histoire de l’art.

Conclusion : un art en pleine mutation

L’intelligence artificielle rebat les cartes de la création artistique. Plus qu’un simple outil, elle modifie la manière dont les artistes interagissent avec leur propre processus de création, ouvrant la voie à des perspectives inédites. Que l’on célèbre son potentiel ou que l’on s’en méfie, une chose est sûre : l’IA est en train de redéfinir notre rapport à l’art et à l’acte créatif lui-même.

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