Arts and AI: Innovation through ages

Cet article est issu du talk de Raphaël Doan, intervenu lors de la journée dédiée à l’IA dans la création, organisée chez we are_, dans le cadre de l’AI Summit.
Son intervention a exploré un sujet fascinant : l’intégration de l’intelligence artificielle dans le processus créatif. Plutôt qu’une rupture radicale, pourrait-on y voir une continuité historique ?
IA et Création : Une Révolution ou un Retour aux Sources ?
Dès les premières minutes de son talk, Raphaël nous invite à revoir notre vision de la création artistique. « À l’origine de la littérature européenne, il y a un nom : Homère. Mais Homère n’était sans doute pas un personnage réel. C’était un nom attribué à une tradition orale, une distillation progressive de récits collectifs. »
De manière surprenante, cette description pourrait s’appliquer aux grands modèles de langage actuels. Comme les aèdes de l’Antiquité, l’IA assimile une vaste somme de connaissances, les restructure et les reformule selon les besoins. « L’arrivée de l’IA dans la création est presque un retour aux sources », affirme-t-il.
Roland Barthes et la mort de l’auteur : une idée prémonitoire ?
Cette remise en perspective ne s’arrête pas là. Raphaël évoque ensuite Roland Barthes et son célèbre essai La Mort de l’Auteur (1967). Barthes y défendait l’idée qu’un texte n’appartient pas à son créateur, mais à ses lecteurs. Il le décrivait comme « un tissu de citations », une construction culturelle collective.
« Ce qui compte dans une œuvre d’art, ce n’est pas tant son auteur que la manière dont elle est reçue », souligne-t-il. Une vision qui résonne fortement avec le fonctionnement des intelligences artificielles génératives.
Pillage ou inspiration ? L’histoire comme témoin
L’IA est-elle une menace pour la création originale ? « On pourrait dire que tout cela repose sur une sorte de pillage de l’histoire artistique de l’humanité. Mais en réalité, c’est ainsi que les artistes ont toujours fonctionné. »
Il rappelle que Virgile a largement emprunté à Homère pour écrire L’Énéide. De même, les grands courants artistiques – Renaissance, Impressionnisme, Surréalisme – se sont nourris des œuvres du passé pour innover.
La photographie et la peur du changement
Pour illustrer les résistances face à l’innovation, Raphaël Doan revient sur l’invention du daguerréotype en 1839. À l’époque, de nombreux peintres voyaient la photographie comme une menace existentielle. L’un d’eux déclara même : « À partir d’aujourd’hui, la peinture est morte. »
Or, non seulement la peinture n’a pas disparu, mais elle a évolué en réponse à ce bouleversement. La photographie elle-même est devenue un art, ouvrant la voie au cinéma et à d’autres formes d’expression visuelle. « Ce type de réaction, on le retrouve aujourd’hui avec l’IA. Il y a des peurs irrationnelles, des incompréhensions sur son fonctionnement. Mais l’histoire nous montre que ces peurs sont souvent infondées. »
Conclusion : une opportunité à saisir
En 1839, la France a été pionnière en mettant la photographie à disposition du public. Aujourd’hui, nous faisons face à une opportunité similaire avec l’intelligence artificielle. « Plutôt qu’une rupture avec notre culture, c’est une prolongation logique de l’art et de la création. »
En embrassant cette révolution technologique avec ouverture et discernement, nous pouvons favoriser un écosystème où l’innovation et la culture avancent main dans la main. Un message fort qui nous invite à repenser notre rapport à la création à l’ère de l’IA.
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