Vernissage de l'exposition "Déplacements" de Matthieu Boucherit

Comment rendre compte d’un malaise, d’une fracture entre ce qui se joue devant l’image et derrière l’image ? Comment dé-stratifier les couches sur lesquelles la représentation s’est forgée et avec elle sa réception ? La série « Déplacements » de Matthieu Boucherit présente des fragments de corps peints en niveau de gris sur fonds noirs. Tels des danseurs, ces corps se renversent, se plient, se déplacent, s’agglomèrent ou se dispersent dans un espace sans contexte ni horizon. À l’instar d’un dramaturge, Matthieu Boucherit scénarise et compose par la peinture.

Ces ensembles de toiles, dont les images d’origine présentaient des situations dans lesquelles se sont retrouvés hommes, femmes et enfants lors de leurs exils, supposent un parallèle établi entre l’orchestration politique des déplacements – de pays en pays, de camps en camps – et le déplacement du sujet anonymisé, transformé en « images-produits » interchangeable, ajusté et transféré de médias en médias en fonction d’espaces de diffusion, de récits et de publics définis. Le titre énigmatique de ses toiles, proche d’un numéro de matricule, se réfère à l’adresse URL de l’image d’origine. Matthieu Boucherit laisse ainsi au regardeur la possibilité de se confronter à la réalité.

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