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L'environnement en 2050 - Rosalie Mann & Cynthia Illouz

30 Sep 2024
L'environnement en 2050 - Rosalie Mann & Cynthia Illouz

Lors de l’événement « We Are Demain », le 21 septembre 2024, organisé par we are_ et le média WE DEMAIN, Rosalie Mann, autrice et fondatrice de la fondation « No More Plastic » et Cynthia Illouz, fondatrice du média “The Women’s Voices » ont abordé la question cruciale de la pollution plastique et ses répercussions multiples sur notre planète, notre économie, mais aussi, de manière plus inattendue, sur les corps des femmes. Alors que la production de plastique s’accélère, il devient urgent d’agir pour limiter ses impacts dévastateurs.

La réalité accablante des chiffres du plastique

Depuis les années 1950, 8,3 milliards de tonnes de plastique ont été produites dans le monde. Un chiffre vertigineux qui continue d’augmenter chaque année, atteignant actuellement 460 millions de tonnes par an, avec des prévisions atteignant 600 millions d’ici 2030. « Le plastique est partout », souligne Rosalie Mann,  » Nous ingérons en moyenne l’équivalent d’une carte de crédit en microplastiques chaque semaine. Ces microparticules ne se contentent pas de flotter dans nos océans, elles pénètrent nos organismes, affectant notre santé de manière insidieuse et souvent irréversible. »

Rosalie prend conscience de cette réalité lorsque sont fils développe des problèmes respiratoires sévères, un cas malheureusement de plus en plus fréquent. « Mon fils est né prépollué, comme tous les enfants de notre génération », affirme-t-elle. Cette prise de conscience la mène à fonder la No More Plastic Foundation, et à se lancer dans une mission qui transcende le simple engagement environnemental, c’est un combat pour la santé publique.

Le plastique, une crise économique autant que environnementale

Selon Rosalie Maan, la crise du plastique n’est pas seulement un désastre environnemental, elle représente également un fardeau économique majeur. Les coûts liés aux maladies causées par la pollution plastique, notamment l’augmentation des cancers, l’infertilité et les maladies respiratoires, exercent une pression colossale sur les systèmes de santé publique. Rosalie cite une augmentation de 79 % des cancers chez les moins de 50 ans.

La pollution plastique affecte également l’économie à travers des secteurs comme le tourisme. De nombreux endroits autrefois paradisiaques sont aujourd’hui envahis par les déchets plastiques, rendant certaines destinations littéralement invivables. Mais plus fondamentalement, les entreprises elles-mêmes sont en danger si elles continuent de dépendre fortement du plastique. « Les entreprises qui ne prennent pas aujourd’hui le tournant de la déplastification verront leurs parts de marché s’effondrer », avertit Rosalie. À titre d’exemple, elle compare cette situation à celle de Netflix, qui a su anticiper l’essor du streaming. « De la même manière, les entreprises doivent saisir les signaux faibles du marché et se préparer à un monde post-plastique », conclut-elle.

Les solutions existent, mais sont-elles suffisantes ?

Face à ce sombre tableau, il est légitime de se demander quelles solutions sont à notre portée. Rosalie Mann reste toutefois optimiste : « Nous pouvons déplastifier notre économie », affirme-t-elle. Aux États-Unis, la Seaweed Revolution propose une alternative prometteuse avec l’utilisation d’algues brunes comme matière première pour remplacer le plastique. Les algues sont 100 % biodégradables, biosourcées, et surtout inépuisables, ce qui en fait une solution durable.

D’autres matériaux, comme le verre, reviennent également sur le devant de la scène. « Aujourd’hui, nous sommes capables de produire du verre beaucoup plus léger et incassable qu’auparavant, tout en émettant moins de CO2 ». Contrairement aux idées reçues, le verre s’avère bien plus écologique que le plastique, surtout lorsque l’on prend en compte les effets à long terme sur l’environnement.

Cependant, toutes les solutions ne se valent pas. Rosalie met en garde contre des alternatives souvent mal perçues comme le recyclage du plastique. Loin d’être une panacée, le plastique recyclé libère en réalité davantage de microparticules et de nanoparticules toxiques, exacerbant le problème. « C’est comme si vous étiez dans une maison en feu et que vous décidiez d’ajouter de l’essence pour éteindre les flammes », illustre-t-elle avec une pointe d’ironie.

Elle déconstruit également les mythes entourant certaines solutions dites « écoresponsables », comme les pailles en maïs. « Le maïs n’est pas une solution. Pour le cultiver, on utilise des pesticides et énormément d’eau, alors qu’aujourd’hui on peut fabriquer des pailles à base d’algues », précise-t-elle, soulignant l’importance de s’appuyer sur des innovations véritablement durables.

Les femmes en première ligne face à la pollution plastique

Un des aspects les plus frappants du talk est la manière dont les femmes sont particulièrement vulnérables à la pollution plastique. Cynthia Illouz, qui enseigne le management durable, explique que les crises environnementales touchent toujours de manière disproportionnée les femmes, en particulier dans les pays en développement. « 80 % des personnes déplacées par des catastrophes naturelles sont des femmes », précise-t-elle. Mais cette inégalité ne s’arrête pas aux frontières des pays pauvres.

Dans les pays occidentaux, les femmes sont également en première ligne à cause des perturbateurs endocriniens contenus dans le plastique. À des moments clés de leur vie – puberté, menstruations, grossesse et ménopause – le corps des femmes produit plus d’œstrogènes, ce qui les rend plus sensibles à l’accumulation de ces substances toxiques. De plus, les femmes sont souvent les plus grandes consommatrices de produits de beauté et d’hygiène, qui sont non seulement emballés dans du plastique, mais en contiennent dans leur formulation. Cette pollution invisible a des répercussions bien réelles sur la santé des femmes. Les nanoparticules présentes dans les vêtements synthétiques ou les produits d’hygiène pénètrent facilement la peau, particulièrement lorsque celle-ci est exposée à la sueur ou à l’effort physique.

Le lien entre la pollution plastique et le climat

La crise climatique est également indissociable de la crise du plastique. Les gaz à effet de serre produits par le plastique, à toutes les étapes de son cycle de vie, exacerbent le réchauffement climatique. « Le plastique émet 2,5 fois plus de gaz à effet de serre que l’aviation », souligne Rosalie Mann, remettant en cause les priorités des politiques environnementales actuelles. « Si nous voulons vraiment lutter contre le changement climatique, nous devons d’abord nous attaquer à la production de plastique », insiste-t-elle.

Un des secteurs les plus impactés par cette problématique est l’industrie du textile et de l’emballage. À eux seuls, ces deux domaines représentent plus de 50 % de la production mondiale de plastique. Le plastique est omniprésent dans nos vêtements, nos emballages, nos pneus, et même dans les vélos que nous utilisons pour réduire notre empreinte carbone. « Même le vélo, censé être un moyen de transport durable, est source de pollution plastique », fait remarquer Rosalie.

Le futur de l’environnement : une course contre la montre

Le message clé de ce talk est clair : il est temps d’agir. La pollution plastique est une menace existentielle non seulement pour notre environnement, mais aussi pour notre santé, notre économie et notre société dans son ensemble. Le changement de paradigme nécessaire pour sortir de l’ère du plastique implique une transformation en profondeur de nos modes de production et de consommation. Des alternatives existent, mais elles nécessitent une volonté politique forte et un changement des comportements individuels.

Pour découvrir l’intégralité du talk ↓

https://www.youtube.com/watch?v=jia8a3LRCzI

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